Alors, faisons connaissance, nous avons le plaisir de vous présenter le profil-type de l’agriculteur Français : un charmant gentleman farmer de 52 ans qui travaille seul sur l’exploitation polyculture-élevage de 63 hectares hérité de ses parents.
L’exploitant qui suit les traces de son père ou de son oncle, en reprenant son exploitation n’est plus la majorité des cas aujourd’hui. En effet, les agriculteurs sont le reflet d’une agriculture française aussi riche et variée que ses paysages. Désormais, dresser le portrait de l’exploitant de nos jours est impossible : il y a autant d’exploitants que d’exploitations et donc que de projets de vie !
Même si l’agriculteur est majoritairement un homme, âgé et employant peu de salariés, le métier d’agriculteur exploitant se décline en 21 professions différentes (cultivateur, éleveur, céréalier, horticulteur, maraîcher, sylviculteur, viticulteur, patron pêcheur, entrepreneur de travaux agricoles…). Autre point commun chez les agriculteurs, en moyenne, ils ont une durée de travail hebdomadaire plus élevée que l’ensemble des personnes en emploi, et ils travaillent très fréquemment le samedi ou le dimanche.
Mais qui sont-ils vraiment ?
Un agriculteur sur trois est une femme
73% des agriculteurs exploitants sont des hommes. Si les femmes ont toujours joué un rôle central dans l’agriculture, leur statut d’épouse les a souvent fait disparaître des radars. Une période désormais révolue : aujourd’hui, 30% des agriculteurs sont des femmes, une proportion qui n’a cessé d’augmenter pendant les années 2000 et s’est depuis stabilisée. C’est dans la viticulture et l’élevage de caprins et d’ovins que les femmes sont les plus représentées, surtout en tant que chef d’exploitation.
52 ans en moyenne
Alors qu’un actif a en moyenne 40 ans, l’âge moyen des chefs d’exploitation, coexploitants et associés est de 52 ans. Il faut dire que l’entrée dans la profession est plus tardive qu’auparavant, aux alentours de 28 ans. L’écart avec le reste de la population active est encore plus grand si on s’intéresse aux femmes qui gèrent une exploitation : elles ont 54 ans en moyenne. Les agriculteurs sont plus âgés tout le long du pourtour méditerranéen, en Ile-de-France et dans le Sud-Ouest. A l’inverse, l’agriculteur breton est plus jeune que la moyenne. En règle générale, plus une exploitation est petite, plus l’âge moyen de son exploitant est élevé.
De moins en moins de fils d’agriculteur
Pendant longtemps, un enfant d’agriculteur ne se posait pas de questions : il était destiné à reprendre l’exploitation. Mais cette transmission est de moins en moins automatique : alors que 90% des agriculteurs étaient enfants d’agriculteurs en 1970, cette proportion est passée à 75% de nos jours. Ce phénomène s’explique en grande partie par le nombre de reconversions : beaucoup d’actifs sont déçus par leur emploi et n’y trouvent plus de sens, c’est pourquoi ils veulent revenir aux sources et pour cela se tournent vers le monde rural.
De plus en plus formés
Le niveau de diplôme des agriculteurs s’est fortement élevé ces dernières décennies. En 2019, seuls 14% des agriculteurs n’ont aucun diplôme ou uniquement le brevet des collèges, soit une part comparable à celle observée sur l’ensemble des personnes en emploi. En 1982, ils étaient 82% à n’avoir aucun diplôme ou seulement le brevet des collèges, contre 54% pour l’ensemble des personnes en emploi. En 2019, 26% sont ainsi diplômés de l’enseignement supérieur. Les exploitants de moins de 40 ans ont aujourd’hui un niveau d’études qui dépasse celui de la population active de la même classe d’âge.
Une exploitation de 63 hectares
La course aux volumes et le remembrement des terres a fait exploser la taille moyenne des exploitations : elle a plus que doublé en 25 ans pour atteindre 63 hectares, soit l’équivalent de 44 terrains de football. C’est dans la moitié Nord de la France que l’on retrouve le plus de grandes exploitations, et plus particulièrement dans le triangle Picardie-Bourgogne-Centre. Une différence de taille qui s’explique par la nature de la production : les grandes cultures et l’élevage plus présent dans le Nord nécessitent plus de foncier, tandis que les fruits, le maraîchage et l’horticulture se contentent d’espaces plus limités.